Châteaux forts

Le Château de Clisson. Lithographie d’après le dessin d’Amanda Girault. ADLA.
Le Château de Clisson. Lithographie d’après le dessin d’Amanda Girault. ADLA.

La période médiévale a marqué le paysage par l'édification de puissants châteaux, trace tangible de la structuration aristocratique de la société féodale et d'Ancien Régime. Plusieurs d'entre eux ont été conservés en Loire-Atlantique (Ancenis, Blain, Châteaubriant, Clisson, Machecoul, Nantes, Ranrouët).

Les premiers châteaux

Centre de l'autorité au Moyen Âge, où s'exerce le pouvoir de commandement et de justice du seigneur, le château est à l'origine une construction modeste : la motte castrale. Il s'agit d'une butte artificielle entourée d'un fossé et d'une palissade, au sommet de laquelle s'élève un donjon de bois, à la fois tour de guet et habitation du chevalier tenant du fief. Elle est implantée dans une zone humide, le méandre d'un cours d'eau ou proche d'un marais, pour en faciliter la défense. À côté, une vaste cour entourée elle-aussi de palissades renferme les bâtiments destinés aux hommes d'armes, serviteurs et animaux ; elle est aussi un refuge pour les paysans en cas de guerre. De ces premiers châteaux, il ne reste que des traces (Ardennes à Sainte-Pazanne, Châteaufromont à Saint-Herblon), soit qu'ils aient perdu toute fonction militaire et aient disparu, soit qu'ils aient servi ultérieurement à l'édification de châteaux forts.

À partir du 12e siècle

À partir du 12e siècle, les progrès de la construction en pierre permettent l'édification de châteaux forts à des endroits stratégiques du comté nantais : sur la ligne frontalière à Châteaubriant, Ancenis, Clisson, Machecoul ; sur la route du comté de Vannes, à Blain et Ranrouët (Herbignac). Ils sont l'œuvre des barons, grands féodaux du duc de Bretagne mais quelquefois partisans, contre lui, des rois de France ou d'Angleterre. Les périodes de construction de ces grands édifices répondent à l'évolution de la puissance de leurs seigneurs, et du rôle qu'ils entendent jouer sur l'échiquier politique du moment.

La structure

Le noyau du château fort, celui qui pour la plupart a résisté au temps et aux vicissitudes de l'histoire, est toujours sommaire : un donjon de pierre entouré d'un fossé et précédé d'une cour de service enceinte de murailles et ouverte par une porte fortifiée. C'est le cas encore dans la partie la plus ancienne de Châteaubriant. Plus tard, on lui adjoint une seconde cour, plus vaste, dotée de constructions plus nombreuses, écuries, logements, prisons. Clisson en est un exemple. Enfin, devant les progrès de l'artillerie, on modifie la forme et les dimensions des tours, des courtines et des ouvertures de tir. Après l'union du duché à la couronne de France, les buts de guerre de ces châteaux disparaissent en même temps que les modes de vie changent. On ouvre de larges baies dans les murailles des logis (Clisson), on construit des ailes « Renaissance » richement décorées et agrémentées de galeries (Châteaubriant).

  • Le château de Châteaubriant. Lithographie d’après le dessin de Benoist. ADLA.
  • Le château de Nantes. Lithographie d’après le dessin de Rouargue. ADLA.

À Nantes

À Nantes, c'est le duc qui est l'initiateur de la construction d'un château, d'abord au Bouffay, proche du confluent de la Loire et de l'Erdre, au débouché de la ligne des ponts. La construction de Conan le Tort, malgré sa reconstruction par Alain Fergent, est rapidement vétuste et insalubre. Guy de Thouars l'abandonne au profit du château de la Tour-Neuve qu'il fait édifier à l'angle sud-est de la cité. Cette construction triangulaire, baignée par les eaux de la Loire, a la particularité d'avoir son donjon à l'intérieur de la muraille urbaine qui fait rejoindre la cathédrale au port Maillard. Lui-aussi s'avère peu habitable, notamment en hiver où les crues du fleuve provoquent l'inondation des salles basses.

C'est au milieu du 15e siècle que le duc entreprend la construction du château que l'on connaît aujourd'hui, et dont il confie la maîtrise d'œuvre à Mathelin Rodier : on doit au règne de François II la majeure partie des tours et murs d'enceinte, le grand gouvernement, le grand logis et la tour de la couronne d'or, et à celui de sa fille la duchesse Anne les courtines et tours des parties sud et est. Leurs successeurs y ajouteront le petit logis, des éléments de décoration, voire de défense militaire comme les bastions dus à Mercœur.

À lire aux Archives départementales

  • Christian Bouvet, Alain Gallicé, « Les jardins et le parc du château de Châteaubriant de la fin du XVe siècle à la veille de la Révolution », dans Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. 149, 2014, p. 123-155, ADLA PER 96 / 85.
  • Gaëtan Brunet, « La motte castrale de la Guerche en Saint-Brévin », dans Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. 82, 2004, p. 169-191, ADLA Per 94/44.
  • Bertrand Guillet, Aurélien Armide, coor, Le château des ducs de Bretagne, entre grandeur et renouveau. Huit siècles d'histoire, Rennes, 2016, ADLA In-4° 4020.
  • Jocelyn Martineau, « Le château de Clisson » dans Bulletin monumental, t. 172, 2014, p. 99-127, ADLA Per 400/6.
  • Jocelyn Martineau, Patrick Bellanger, « Le château de la Groulais à Blain : un exemple d'architecture militaire du pays nantais, du XIIIe au XVIe siècle, dans Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. 152, 2017, p. 99-132, ADLA Per 96 / 89.
  • Alain Salamagne, Jean Kerhervé, Gérard Danet, dir., Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne, XIIIe-XVIe siècle, Tours, 2012