Colonies d'Amérique : Saint-Domingue

Partie française de l’île de Saint-Domingue. Carte extraite du petit atlas maritime Bellin, 1764. ADLA.
Partie française de l’île de Saint-Domingue. Carte extraite du petit atlas maritime Bellin, 1764. ADLA.

Ouvert au grand commerce international au milieu du 17e siècle, le pays nantais privilégie la route des Antilles, en faisant de Saint-Domingue la principale destination de ses navires.

La route de l'Amérique

C'est dans la première moitié du 17e siècle que les négociants nantais organisent leurs relations commerciales avec l'outre-Atlantique, d'abord avec l'île de Saint-Christophe, puis avec les autres Antilles. La création de la Compagnie des Indes en 1664 y contribue ensuite largement. Les denrées coloniales - tabac, café, sucre, indigo - sont échangées contre les productions locales et celles de l'arrière-pays nantais. C'est aussi pour développer l'activité des colonies par l'apport de main d'œuvre que Nantes se lance dans le trafic négrier, qui devient sa « spécialité » au 18e siècle.

Saint-Domingue

Parmi les destinations possibles des navires nantais, c'est essentiellement avec Saint-Domingue (partie occidentale d'Haïti) que l'on trafique. L'île consacre une large part de son activité à la culture de la canne à sucre. Des relations privilégiées s'instaurent entre colons planteurs et négociants, les uns et les autres étant d'ailleurs alliés non seulement dans les affaires mais aussi par leurs familles. Cette association étroite avec l'île participe au développement du commerce et entre pour une large part dans la réussite des maisons de commerce. Mais quand éclate la révolte des esclaves au début de la Révolution et que par la suite la colonie déclare son indépendance, c'est une catastrophe pour les Nantais qui perdent ainsi leur principal interlocuteur commercial. Ils tentent d'enrayer la crise en proposant une aide économique et militaire aux colons menacés.

Au lendemain des guerres de la Révolution et de l'Empire, les négociants nantais ouvrent une nouvelle route commerciale dans l'océan Indien, à destination de l'Inde et de la Chine. La concurrence anglaise et américaine est telle que l'on se contentera le plus souvent de retrouver à l'île de la Réunion le « paradis perdu » de Saint-Domingue et son commerce sucrier.

À lire aux Archives départementales

  • Alejandro E.Gomez, Le spectre de la révolution noire. L'impact de la révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790-1886, Rennes, 2013, ADLA In-8° 10876.
  • Marcel Grandière, « Les réfugiés et les déportés des Antilles à Nantes sous la Révolution », dans Bulletin de la Société d'histoire de Guadeloupe, nos 33-34, 1977, p. 3-171, ADLA 4 M 67.
  • Élodie Le Garrec, « L’opinion sur l’abolition de la traite des Noirs dans un port négrier : l’exemple de Nantes (1814-1831) », dans Les ports et la traite négrière - Nantes, B. Michon dir. = Cahiers des Anneaux de la Mémoire, n° 10, 2007, p. 229-245, ADLA Per 1221 / 1.
  • Olivier Pétré-Grenouilleau, La révolution abolitionniste, Paris, 2017.
  • Laure Pineau-Defois, « Une élite d’Ancien Régime : les grands négociants nantais dans la tourmente révolutionnaire (1780-1793) », dans Annales historiques de la Révolution française, n° 359, 2010, p. 97-118, ADLA Per 417 / 24.