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Exposition Mémoire des airs. Quand l’archéologie et les sciences éclairent le passé
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Du 15 avril au 30 juin 2024, le laboratoire Arc’Antique - Grand Patrimoine de Loire-Atlantique et les Archives départementales de Loire-Atlantique présentent une exposition originale dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire de la Libération et du Débarquement.
En 1988, des marins-pêcheurs au large des Côtes-d’Armor remontent dans leurs filets un bord d’attaque (partie avant de l’aile) d’un Spitfire, avion de la Royal Air Force abattu le 1er juin 1944. Cette découverte est à l'origine d'un formidable projet de recherche européen faisant appel à des innovations techniques au service de la restauration et de la conservation du patrimoine de la Seconde Guerre mondiale. L’étude de ce fragment d’aile révèle également l’histoire de l’appareil et de son pilote. Cette exposition rend compte de cette histoire humaine et technique. Elle s’accompagne de la présentation de documents originaux issus des fonds et collections des Archives départementales qui viennent illustrer le contexte local et historique des raids et autres opérations aériennes des années 1939-1945.
Entrée libre et gratuite. Des médiateurs sont disponibles dans les espaces d’exposition pour assurer des visites commentées.
Ouverte tous les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 9h à 17h et le mardi de 13h30 à 18h, sauf jours fériés. Ouverte tous les dimanches de 14h à 18h, sauf le 12 et le 19 mai.
Archives départementales de Loire-Atlantique, 6 rue de Bouillé à Nantes. Comment venir ?
Un projet de recherche innovant à l'origine de l'exposition
De juin 1940 à août 1944, et jusqu’au 11 mai 1945 pour la poche de Saint-Nazaire, le département subit l’occupation allemande. Il connaît, au cours de cette période, nombre de raids aériens des forces alliées visant à la destruction de points stratégiques (installations portuaires, chantiers navals, voies ferrées), mais ces raids touchent aussi des bâtiments civils faisant des dégâts matériels et de nombreux morts dans la population. Les avions larguent aussi des hommes et des équipements destinés à alimenter les actions de la Résistance. Tous les pilotes ne reviennent pas à leur base départ, capturés ou tués dans le crash de leur avion touché par la DCA allemande. Tel a été le sort d’un Spitfire de la Royal Air Force, dont la restauration par Arc’Antique permet d’évoquer les heures sombres de la guerre 39-45. Elle marque la fin d’un projet triennal de recherche innovant regroupant différentes institutions européennes, nommé PROCRAFT (PROtection & Conservation of Heritage airCRAFT) et portant sur la sauvegarde du patrimoine aéronautique en aluminium de la Seconde Guerre mondiale.
Le laboratoire Arc’Antique - Grand Patrimoine de Loire-Atlantique est spécialisé dans la conservation-restauration et la recherche sur le patrimoine archéologique terrestre et sous-marin. C'est l’un des seuls laboratoires en France à maîtriser les techniques d’électrolyse pour restaurer le patrimoine sous-marin.
Des marins-pêcheurs remontent dans leurs filets le fragment d’un Spitfire
En 1988, des marins-pêcheurs remontent dans leurs filets une prise peu commune : un bord d’attaque (partie avant de l’aile) d’un Spitfire. Grâce à des innovations technologiques, cet objet révèle son histoire : le 1er juin 1944, le Spitfire Mk VII MB887 de l’escadron 131 décolle de la base de la Royal Air Force dans la région du Somerset. Piloté par l’adjudant William James Atkinson, il occupe la 4e position (Red 4) dans une formation de quatre avions envoyée pour attaquer des cibles d’opportunité dans la région de Saint-Brieuc. Ils franchissent la côte française à Saint-Malo puis obliquent vers l’ouest au niveau de Lamballe pour suivre le chemin de fer. À environ 8 kilomètres de Saint-Brieuc, un train de marchandises est repéré et pris pour cible. Le chef de la formation est touché par l’artillerie antiaérienne allemande. Il appelle alors l’escadrille à se regrouper et retourner vers sa base. Il ne reçoit aucune réponse de Red 4, appareil du pilote Atkinson qui disparaît avec son avion à l’âge de 22 ans.
Atkinson naît le 14 août 1922 en Australie dans l’État du New South Wales. Il s’engage en 1941 dans la Royal Australian Air Force et suit une formation dans plusieurs centres, en Australie, en Angleterre et en Écosse. Très vite, il est appelé sur diverses missions et attaques des forces de l’Axe, ainsi que pour des reconnaissances sur le territoire occupé ou des missions de protection de bombardiers.
À la découverte de la bataille de l’air
À côté d’éléments archéologiques tels que le fragment restauré de l’aile du Spitfire long de quatre mètres, une hélice métallique et un élément de l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry, l’exposition propose de découvrir, à travers des documents appartenant principalement aux fonds et collections des Archives départementales, le contexte de cette bataille du ciel. Des rapports de gendarmerie relatent notamment les bombardements qui font trembler toute la Loire-Inférieure, tandis que d’autres rendent compte de ce qui « tombe » des airs : parachutages d’armes pour la Résistance ou encore de pigeons voyageurs qui, pour leur retour en Angleterre, reçoivent des bagues comportant l’indication des positions ennemies.
Est également mis en lumière le rôle des femmes et des hommes qui ont oeuvré pour la liberté. C’est le cas du réseau d’exfiltration de pilotes, Marie-Odile, fondé par Pauline Barré de Saint-Venant à Nancy. Sa section de Loire-Inférieure est composée en grande majorité de femmes dont les archives conservent des traces. L’exposition met également en évidence la figure de Jean Demozay, aviateur nantais formé à la Royal Air Force et troisième As français de la Seconde Guerre mondiale.
À travers des éléments photographiques, l’exposition interroge également l’industrie aéronautique de l’époque et présente les principaux avions du conflit : le Spitfire, le Dewoitine D-520 ou encore le bombardier B-17. Une section de l’exposition permet d’être au contact direct de la recherche scientifique et de connaître les différents acteurs de la protection du patrimoine, notamment via des interviews filmées. Enfin, la Cinémathèque de Bretagne présente, au coeur de l’exposition, différents extraits de films issus de sa collection d’archives américaines, retraçant le destin de femmes et d’hommes ayant contribué à forger cette mémoire des airs.