Corsaires

Jacques Cassard dessiné par Pierre Rousseau. ADLA.
Jacques Cassard dessiné par Pierre Rousseau. ADLA.

Supplétifs des vaisseaux du roi, les navires corsaires sont aussi partis de Nantes et des ports côtiers, à la conquête des mers, de Louis XIV à Napoléon Ier.

La guerre de course

Si au cours des conflits maritimes qui jalonnent l’histoire, les civils ont toujours prêté main forte aux troupes régulières, c'est surtout pendant la période moderne que la guerre de course a été organisée. Il s'agit, pour un bâtiment de commerce, de pouvoir se comporter légalement comme un navire de guerre. C'est la différence essentielle entre corsaires et pirates. Pour cela, le capitaine corsaire doit en faire la demande au siège de l'amirauté qui lui délivre des lettres de marque, c'est-à-dire une commission « en guerre », ou « guerre et marchandise » ; dans ce second cas, il peut pratiquer aussi bien le commerce que l'attaque des navires ennemis. Le marin prudent se fait également accorder des « billets de rançon », qui lui permettront, s'il est pris par l'ennemi, de conserver son navire, à charge de payer ultérieurement une rançon. Dans le cas contraire, s'il arrive à s'emparer d'un navire, il le ramène à son port d'attache et le fait déclarer « de bonne prise » ; le bâtiment et les marchandises qu'il contient sont alors vendus à son profit.

Lettre de marque du corsaire Jacques Cassard accordée par Louis Alexandre de Bourbon, amiral de France, 4 mars 1707. ADLA.
Lettre de marque du corsaire Jacques Cassard accordée par Louis Alexandre de Bourbon, amiral de France, 4 mars 1707. ADLA.

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Le navire corsaire et son équipage

Rien ne distingue un navire de commerce d'un corsaire, sinon son petit gabarit (les cales n'ont pas besoin d'être vastes, puisque la prise est ramenée entière au port) et sa vitesse : pour pratiquer la course, il faut aller vite et manœuvrer rapidement. Quand l'ennemi est menaçant, le salut est dans la fuite. Un brick, une frégate, voire un senau de quelques dizaines de tonneaux peut facilement faire l'affaire. L'armement est sommaire, seulement quelques canons : c'est l'abordage qui emporte la décision. L'équipage doit donc être motivé ; il est souvent complété, sur les navires de quelque importance, par des engagés volontaires, véritables troupes embarquées qui monteront à l'assaut le moment venu.

Les corsaires nantais

C'est pendant les guerres de Louis XIV que Nantes s'illustre dans la guerre de course, avec Jean Vié, Jean de Crabosse, et surtout Jacques Cassard (1672-1740). Ce dernier se distingue à la prise de Carthagène en 1697, puis dans la Manche. Nommé capitaine de vaisseau en 1712, il reçoit le commandement d'une flotte avec laquelle il rançonne les colonies hollandaises, anglaises et portugaises de l'Atlantique. Après une brillante carrière, le corsaire s'enferme dans de vaines querelles qui aboutissent à son enfermement au fort de Ham où il finit ses jours. La guerre d'Indépendance d'Amérique relance la course contre l'Anglais à la fin de l'Ancien Régime, prélude aux guerres de la Révolution et de l'Empire pendant lesquelles les armateurs nantais, comme Félix Cossin, arment de nombreux navires corsaires.

  • Portrait de Jacques Cassard. Gravure de Pierron. ADLA.
  • La vie de Jacques Cassard, mise en images par Pierre Rousseau. ADLA.

À lire aux Archives départementales

  • Aubin et alii., Marins et corsaires du pays nantais, Nantes, 1955, ADLA In-8° 1012.
  • Alain Gallicé, « Les bavures de l'action corsaire : l'exemple du Croisic, 1450-1540 », dans Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, t. 109-3, 2002, p. 7-17, ADLA Per 91/95.
  • Stéphane de La Nicollière-Teijeiro, Jacques Cassard, capitaine de vaisseau, 1679-1740, Vannes, 1890, ADLA In-8° 6774.
  • Marcel Launay, La guerre de course à Nantes pendant la guerre de Succession d'Espagne (1702-1712), Nantes, 1962, ADLA In-8° 1090.
  • Hervé Pichevin, David Plouviez, Les corsaires nantais pendant la Révolution française, Rennes, 2016, ADLA In-8° 10865.