Déportés de la Seconde Guerre mondiale

Le régime de Vichy persécuta différentes catégories de la population à commencer par les juifs, les francs-maçons et les communistes mais aussi les personnes handicapés, homosexuelles, nomades. De nombreux résistants (communistes et gaullistes) en furent également les victimes. Environ 1800 personnes de Loire-Inférieure, dont environ 300 juifs, ont ainsi subi la déportation et 1 050 d’entre elles y ont laissé leur vie.

Francs-maçons

La loi du 13 août 1940 dissout les « sociétés secrètes » ; elle vise essentiellement la franc-maçonnerie, considérée comme l'armature de la IIIe République. Sont exclus de la fonction publique, les dignitaires de la franc-maçonnerie et ceux accusés d'avoir dissimulé leur appartenance à la franc-maçonnerie : 80 francs-maçons sont ainsi recensés pour la Loire-Inférieure ; le 13 décembre 1940 le gouvernement confisque leur local de la rue Jean-Jaurès.

  • Courrier du procureur général, septembre 1941. ADLA
  • Journal d'Ancenis, édition du 17 août 1940. ADLA

Résistants communistes et Gaullistes

Interdit en septembre 1939 par le gouvernement Daladier, objet de mesures répressives durcies sous le gouvernement de Vichy, le parti communiste plonge dans la clandestinité. Les communistes font l'objet d'une répression à la fois en tant que militants et en tant que résistants. Le Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, créé en 1941 à la suite d’un appel du journal l’Humanité, vient officialiser l’engagement des communistes dans la Résistance pourtant effective dès 1940.

  • Affiche de propagande, ADLA.
    Affiche de propagande, ADLA.
  • L'Humanité. Edition spéciale de la Loire-Inférieure, mai 1941. ADLA
    L'Humanité. Edition spéciale de la Loire-Inférieure, mai 1941. ADLA

Les communistes paient un lourd tribut à leur engagement. Beaucoup sont déportés et exterminés. 27 communistes font partie des 50 otages (en réalité 48) fusillés en répression de l’assassinat du général allemand Hotz, à la carrière de la Sablière à Chateaubriant le 22 octobre 1941.

En janvier 1943, « le procès des 42 » condamne à mort 37 résistants communistes ayant réalisés des actions de sabotages ou des attentats. Ces « procès spectacles », ouverts au public et aux journalistes, sont organisés pour tenter de discréditer les actions des résistants présentés comme des criminels et des « terroristes ».

  • Le Phare de la Loire, édition du 16 janvier 1943. ADLA
    Le Phare de la Loire, édition du 16 janvier 1943. ADLA
  • Avis des autorités allemandes appelant à la dénonciation des auteurs de l’assassinat du lieutenant-colonel Hotz, octobre 1941. ADLA.
    Avis des autorités allemandes appelant à la dénonciation des auteurs de l’assassinat du lieutenant-colonel Hotz, octobre 1941. ADLA.

À côté de la résistance communiste, s’organise la résistance Gaulliste. Des réseaux tel que Johnny-Ker, Foch ou Cohors-Asturies défendent les idées du Général de Gaulle. Des journaux clandestins relayent les messages du Général à la population, à l’instar du journal En captivité, diffusé entre novembre 1940 et juillet 1941. Beaucoup de membres de ces réseaux gaullistes seront arrêtés et déportés.

  • Rapport de police, 1940. ADLA
  • Document de propagande gaulliste issu d’un rapport de police de la sureté générale, ADLA.
  • Affichette d’appel à la résistance placardée à Nantes, 21 octobre 1941. ADLA.

Les journaux clandestins de la Seconde Guerre mondiale

Dix titres de presse publiés et diffusés clandestinement dans la région nantaise ont été numérisés et mis en ligne en 2023. Ces journaux, composés et diffusés, avec des moyens souvent limités voire de fortune, se donnaient pour objectif de s’opposer à la propagande officielle et de réveiller le sentiment patriotique des populations.

Consulter la presse numérisée

La persécution des juifs

À la veille du second conflit mondial vit à Nantes une communauté juive d'ancrage ancien. Cette population est très hétérogène, mêlant des familles de très ancienne filiation française, parfois venues d'Alsace ou de Lorraine après la défaite de 1870, à des immigrants ashkénazes ou séfarades arrivés en France dans les années 1920. Les bouleversements idéologiques (la montée de l'antisémitisme) puis politiques et militaires de l'Europe centrale en 1938 et 1939 amènent une nouvelle vague d'immigration et des regroupements dans les régions portuaires, comme Saint-Nazaire, en vue d'une émigration vers les Etats-Unis d’Amérique.

  • Le Populaire de Nantes, édition du 15 mars 1938. ADLA
    Le Populaire de Nantes, édition du 15 mars 1938. ADLA
  • Permis de séjour de Henriette Lowy, réfugiée autrichienne en raison des persécutions nazies, résidente à Châteaubriant. ADLA
    Permis de séjour de Henriette Lowy, réfugiée autrichienne en raison des persécutions nazies, résidente à Châteaubriant. ADLA
  • Propagande anti-juive du gouvernement de Vichy. ADLA
    Propagande anti-juive du gouvernement de Vichy. ADLA

Promulgué le 3 octobre 1940 par le gouvernement de Vichy, le statut des juifs est encore durci en 1941 : ils sont recensés, exclus de la fonction publique, leurs biens confisqués. Les premières arrestations sont ponctuelles et semblent en lien avec la guerre en Europe (arrestation de juifs « réfugiés russes » peu après l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS). À partir de 1942, les rafles se multiplient : la première grande rafle, qui reçoit l'aide de la gendarmerie française, a lieu en juillet et se solde par 98 arrestations dans l'ensemble du département.

  • Affiche signalant les entreprises appartenant à des Juifs, obligatoire à partir d'octobre 1940. ADLA
    Affiche signalant les entreprises appartenant à des Juifs, obligatoire à partir d'octobre 1940. ADLA
  • Courrier du préfet de la Loire-Inférieure adressé aux maires des communes. ADLA.
    Courrier du préfet de la Loire-Inférieure adressé aux maires des communes. ADLA.

Les personnes arrêtées sont regroupées à Angers et font partie du convoi n°8 à destination d'Auschwitz. Organisée par la police allemande de sûreté, une seconde grande rafle en octobre 1942, fait 38 arrestations. Sans que les arrestations ne se soient jamais ralenties, l'ultime rafle a lieu le 26 janvier 1944 : 17 personnes sont arrêtées à Nantes, 13 à Châteaubriant. Ce qui permet au préfet d'écrire le 17 mai 1944 dans un rapport que « tous les israélites sans exception qui résidaient en Loire-Inférieure ont été arrêtés par les autorités allemandes depuis un certain temps déjà et emmenés sur des destinations inconnues ».

  • Liste des personnes arrêtées et déportées en Loire-Inférieure. ADLA.
    Liste des personnes arrêtées et déportées en Loire-Inférieure. ADLA.
  • Registre d'inscription de l'arrondissement de Nantes. ADLA
    Registre d'inscription de l'arrondissement de Nantes. ADLA

Les camps d'internement

En Loire-Inférieure, plusieurs camps existent. Le camp des Forges à Moisdon-la-Rivière regroupe les tsiganes qui font l'objet d'arrestation depuis l'automne 1940. Le camp de Choisel à Châteaubriant, concentre les internés politiques dont une majorité de communistes et syndicalistes ainsi que des nomades et des « indésirables » (réfugiés espagnols, trafiquants et droits communs). Il est resté tristement célèbre pour avoir détenus les 27 militants communistes fusillés près de Châteaubriant dans l’affaire des 50 otages.

  • Camp d'internement de Choisel à Châteaubriant, 1941. ADLA.
  • Hommage aux 27 otages de Châteaubriant, 1944. Simo / ADLA.

Le mémorial virtuel des déporté·es de Loire-Inférieure

La délégation territoriale de Loire-Atlantique des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD) a entrepris le recensement de toutes les personnes déportées liées au département de Loire-Inférieure, assassinées, décédées, disparues dans les camps ou rescapées. Cette recherche a abouti au recensement de plus de 1 800 hommes, femmes et enfants déportés, nés, domiciliés et/ou arrêtés dans le département : soit plus de 1 500 personnes pour la déportation de répression et plus de 300 pour la déportation génocidaire.

Consulter le mémorial

À lire aux Archives départementales