Des fonds d’érudits pour l’histoire familiale

© ADLA
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Généalogie

L’historien qui étudie une famille ou qui, au gré de sa recherche, doit identifier individus ou lignées, a recours en premier lieu aux ouvrages de référence au titre desquels on trouve les nobiliaires et recueils de filiations « classiques » – Frotier de La Messelière, Kerviler, Beauchet-Filleau … Mais il peut aussi recourir aux fonds d’érudits, souvent méconnus, qui constituent parfois une ressource complémentaire et insoupçonnée.

  • Le fonds du vicomte Paul de Freslon consiste en le dépouillement des registres paroissiaux de l’actuel département de Loire-Atlantique, à l’exception toutefois du castelbriantais. Ce relevé des actes de baptême, mariage et sépulture concerne les familles notables – aristocratiques ou bourgeoises – et sa consultation permet d’établir rapidement la généalogie quasi complète de familles. Il est accessible directement par commune puis par ordre alphabétique des patronymes, ou par l’intermédiaire d’une table des noms avec indication des paroisses dans lesquelles ils ont été relevés. Le fonds Freslon a été numérisé et est consultable en ligne, rubrique Archives numérisées.

À noter

Le dépouillement partiel des registres de mariages de Nantes pour la période 1790-1842 (dernier dossier de la liste déroulante de Nantes ; attention, ce dossier comprend trois ensembles chronologiques successifs).

  • Le fonds Blanchart (107 J) constitue une mine de renseignement pour les chercheurs de la période médiévale et du début de l'époque moderne. René Blanchard, spécialiste de l'histoire de la Bretagne médiévale et du pays de Retz, est l'auteur de notes qui sont entrées aux Archives départementales dans les années 1950, et contiennent de nombreuses fiches de dépouillement d’archives publiques et privées ; les articles 49 à 134 se rapportent principalement aux individus et aux familles. L’instrument de recherche, à disposition en salle de lecture, donne les références des documents rassemblés par ordre alphabétique des patronymes dont la liste est détaillée. Cependant, cette liste n’est pas exhaustive : n’ont été retenus que les noms célèbres, ceux se rapportant à des ensembles de fiches concernant de nombreux individus sans lien apparent entre eux, ceux de personnages ou de familles notables sur le plan local, un grand nombre de noms du pays de Retz, enfin les noms signalés par René Blanchard comme ayant été omis par les auteurs connus, notamment pour la période médiévale, la guerre de Cent ans en Bretagne, voire la période moderne.

Attention

Les références à la série B des Archives départementales se rapportent à celles de l’inventaire Ramet et non aux cotes actuelles (inventaire Léon Maître) : il convient alors de demander la correspondance au président de la salle de lecture. Par exemple, la cote B 2646 (inventaire des comptes des domaines, des miseries et de la recette générale de Bretagne de 1387 à 1681 souvent référencée correspond à l’actuelle cote B 4297.

  • Le fonds du chanoine Arthur Bourdeaut (107 J) est lui aussi très riche ; celui-ci s’est spécialisé dans l’histoire de la fin du Moyen Âge en Bretagne, notamment le règne de Jean V et le 15e siècle. Ses notes d’érudit comprennent trente articles (107 J 329-359) qui contiennent, outre des notes d’état civil, un ensemble de généalogies constituées de familles, principalement nobles ou notables, de l’actuel département de Loire-Atlantique.

A savoir

Certaines familles ont vécu dans le comté nantais sans pour autant y être clairement identifiées. La maison de Plouër, originaire des Côtes d’Armor (rive gauche de la Rance), a possédé plusieurs fiefs dans le pays de Retz ; mais aucun recueil « classique » n’en donne la généalogie. La consultation du fonds du chanoine Bourdeaut permet d’apprendre que cette famille est implantée au sud Loire depuis Renaud de Plouër, époux de Jehanne de la Noé qui y possède des terres relevant de la châtellenie des Huguetières (milieu du 15e siècle). Les fiches du dossier (107 J 355) donnent la filiation de ses successeurs, leurs alliances avec des familles locales et l’analyse de plusieurs actes consultés dans les archives publiques, jusqu’au 17e siècle.

Exemple : la famille Blanchet

Cette famille dont la généalogie n’a pas été étudiée bénéficie d’une notice dans le Répertoire de bio-bibliographie bretonne de René Kerviler. Mais on y relève que quelques informations lacunaires sur plusieurs de ses membres, notamment sur Jehan Blanchet, procureur des bourgeois de Nantes et secrétaire du duc au milieu du 15e siècle.

Les sources qui y sont mentionnées sont sommaires : une publication de l’érudit Chevas et les Preuves pour servir à l’histoire de Bretagne du Mauriste Dom Morice. René Blanchard a dépouillé de nombreuses sources originales et l’on trouve ainsi, sous la cote 107 J 56, plusieurs fiches mentionnant « Jehan Blanchet », avec l’analyse de documents issus du fonds de la chambre des comptes de Bretagne, du trésor des chartes des ducs (Blanchet a été le « trésorier et garde des chartes et lettres de la duchesse Anne »), des archives municipales de Nantes… Et l’étude de ces relevés permet de dissocier plusieurs membres homonymes de la même famille, confondus en un seul dans l’ouvrage de Kerviler.

C’est grâce à ce type de fonds que l’on peut dresser la généalogie ou le portrait de personnages difficiles à identifier, notamment en l’absence de registres paroissiaux, comme René Péro, prévôt de Nantes et seigneur de la Tour à Orvault (107 J 111), représenté sur le vitrail de la chapelle du château daté du début du 16e siècle.