Édit d’Union (1532)

Commission du roi François 1er, en tête du livre de la réformation du rôle rentier contenant le dénombrement des vassaux du Roi propriétaires de maisons et d'héritages situés dans l'intérieur de la ville de Nantes, ADLA.
Commission du roi François 1er, en tête du livre de la réformation du rôle rentier contenant le dénombrement des vassaux du Roi propriétaires de maisons et d'héritages situés dans l'intérieur de la ville de Nantes, ADLA.

Duché quasiment indépendant au 15e siècle, la Bretagne se heurte aux ambitions françaises : la défaite militaire puis le double mariage de la duchesse Anne conduisent finalement à l'union du duché et du royaume de France en 1532.

L'accession au pouvoir de la famille de Montfort, à la fin du 14e siècle, marque un tournant dans l'histoire de la Bretagne. Si, pour maintenir l'indépendance du duché, la politique de Jean V († 1442) oscille entre ses deux puissants voisins, l'Angleterre et la France, c'est contre ce dernier que se heurte le duc François II († 1488) alors que la noblesse bretonne reste profondément divisée.

La fin du règne de François II

À l'issue d'une campagne militaire désastreuse, les Bretons sont battus à Saint-Aubin-du-Cormier ; le duc signe en 1488 le traité du Verger qui laisse à la Bretagne son indépendance, mais subordonne le mariage de sa fille et héritière Anne à l'autorisation du roi de France. François II meurt la même année, laissant une enfant de 12 ans à la tête d'un duché sans alliés. Malgré un mariage par procuration avec Maximilien d'Autriche, Anne est contrainte d'épouser Charles VIII en 1490 : la Bretagne dont les droits sont confirmés est unie à la France sous deux mêmes souverains.

Anne de Bretagne

À la mort de Charles VIII en 1498, Anne se comporte en duchesse souveraine, même si elle accepte le roi Louis XII pour époux. Le contrat de mariage prévoit la dévolution de la Bretagne au second fils issu de cette union. À défaut, elle reviendra aux Rohan, comme issus du mariage d'Alain de Rohan avec Marguerite de Bretagne, fille de Jean IV ; l'indépendance juridique de la Bretagne semble être assurée.

François Ier et la Bretagne

Anne de Bretagne meurt en 1514, ne laissant que deux filles dont l'aînée, Claude de France, a épousé François d'Angoulême, futur François Ier. Celui-ci obtient d'abord l'administration du duché et, devenu roi de France, obtient de sa femme la donation du duché à titre perpétuel, en violation du contrat de mariage de 1499. Grâce à l'action du chancelier de Bretagne et aux récompenses financières accordées aux nobles bretons influents, les états reconnaissent le dauphin comme duc de Bretagne, mais les privilèges du pays sont confirmés par lettres patentes d'août 1532.

  • Portrait de François 1er Roi de France. ADLA
  • Lettres patentes confirmant le dauphin François, fils de François Ier, comme duc de Bretagne et proclamant la réunion perpétuelle du duché de Bretagne à la couronne de France (Nantes, août 1532). Archives nationales, musée de l’histoire de France, AE / II / 587.

L'édit d'Union

Un mois plus tard, au château du Plessis-Macé (septembre 1532), est publié l'édit d'Union, aux termes duquel sont maintenus les droits du duché, notamment le consentement à l'impôt par l'intermédiaire des états, le maintien de la justice « en la forme accoutumée », les charges ecclésiastiques attribuées aux seuls Bretons. Ceux-ci conservent donc leurs états, leur parlement, leur autonomie administrative. Sous le roi Henri II, en 1547, toute allusion à une Bretagne indépendante disparaît.

À lire aux Archives départementales

  • James B. Collins, La Bretagne dans l'Etat royal : Classes sociales, Etats provinciaux et ordre public de l'Edit d'Union à la révolte des Bonnets rouges, Presses universitaires de Rennes, 2006, ADLA In-8° 8367
  • J-P Leguay., H. Martin, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532, Rennes, Ouest-France Université, 1982, ADLA In-8° 7876
  • Michel de Mauny, 1532, le grand traité franco-breton, Rennes, 1971, ADLA, In-8° 3594