La Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale

La Loire-Inférieure fait partie d'une région dont l'importance stratégique n’échappe pas à l’ennemi ; la Résistance y est d’abord spontanée puis s'organise. La répression va être à la hauteur du courage des patriotes engagés dans la lutte contre l'occupant.

Les prémices

Dès 1940, naît une résistance organisée, même si elle est encore balbutiante jusqu'en 1941-1942 : par exemple se créent des filières d'évasion qui peuvent avoir comme appui une structure officielle comme le Comité départemental d'aide aux prisonniers de guerre de Loire-Inférieure qui sert de couverture à des activités clandestines. À Nantes également, le groupe Hévin commence à collecter des renseignements et recueille des aviateurs alliés.

Extension et diversification

En 1943, la Résistance prend réellement son essor avec des effectifs accrus, une multiplication de ses organisations et une diversification de ses activités (propagande, sabotage, faux papiers, attentats, maquis). Parmi les principaux réseaux de renseignements œuvrant de 1942 à 1944, on peut noter le réseau Ker dépendant de l'Intelligence Service : son activité est concentrée sur le trafic ferroviaire et sur la base de Saint-Nazaire. Seul réseau à être dirigé par une femme, Marie-Madeleine Fourcade, le réseau Alliance a ses principaux centres à Nantes, Brest, Rennes et sur la côte du Morbihan. Un des plus importants réseaux d'action en Bretagne est le réseau Parson (dit Oscar) qui a pour mission de désorganiser les communications de l'ennemi, d'isoler les bases principales (Brest, Lorient, Saint-Nazaire). Seul mouvement créé directement par un parti politique, le P.C.F., le Front National de lutte pour l'indépendance de la France est présent en Loire-Inférieure : les deux premiers pôles sont à Saint-Nazaire et Nantes avant de s'étendre vers Châteaubriant et Chantenay.

Enfin, le mouvement de résistance le plus étoffé est Libération-Nord. Un pas vers l'unification est franchi avec la création de l'Armée secrète à l'initiative du Conseil national de la résistance, présidé par Jean Moulin. En Loire-Inférieure, la base de l'Armée secrète est constituée par le mouvement Libération-Nord (à l'époque le plus étoffé) et le réseau de renseignement Cahors-Asturie. Le 1er juin 1943, le général Audibert en prend le commandement pour tout l'ouest de la France.

  • Affichette d’appel à la résistance placardée à Nantes, 21 octobre 1940. ADLA.
    Affichette d’appel à la résistance placardée à Nantes, 21 octobre 1940. ADLA.
  • Document de propagande gaulliste issu d’un rapport de police de la sureté générale, ADLA.
    Document de propagande gaulliste issu d’un rapport de police de la sureté générale, ADLA.

  • Tract des comités populaires féminins (mouvance communiste), novembre 1942. ADLA.
  • Façade de la permanence du bureau d’embauche de la main d’œuvre de Nantes après un attentat de la résistance communiste, juillet 1942. ADLA.

Les journaux clandestins de la Seconde Guerre mondiale

Dix titres de presse publiés et diffusés clandestinement dans la région nantaise ont été numérisés et mis en ligne en 2023. Ces journaux, composés et diffusés, avec des moyens souvent limités voire de fortune, se donnaient pour objectif de s’opposer à la propagande officielle et de réveiller le sentiment patriotique des populations.

Consulter la presse numérisée

La répression

Le 20 octobre 1941, le lieutenant-colonel Hotz, commandant allemand de la place de Nantes, est assassiné rue du roi Albert par un commando de trois hommes dont Gilbert Bruslein qui le revendiquera en 1950. Cet attentat s'inscrit dans le cadre d'une stratégie arrêtée par le parti communiste français. La réaction des Allemands est brutale : le général Von Stülpnagel ordonne de faire fusiller cinquante otages (en réalité 48, le 22 octobre 1941) : 27 communistes internés au camp de Châteaubriant (exécutés dans la carrière de la Sablière à la sortie de Châteaubriant), 16 résistants emprisonnés à Nantes (exécutés au terrain du Bêle à Carquefou) et 5 Nantais emprisonnés à Paris (exécutés au Mont-Valérien).

Le deuxième fait marquant est la décapitation de l'Armée secrète en janvier 1944 : 150 officiers et sous-officiers sont arrêtés. En fuite, le général Audibert est finalement arrêté à Malestroit dans le Morbihan, transféré à Rennes, il est torturé puis déporté à Buchenwald, d'où il parvient à revenir le 11 avril 1945.

  • Hommage aux 27 otages de Châteaubriant, 1944. Simo / ADLA.
    Hommage aux 27 otages de Châteaubriant, 1944. Simo / ADLA.
  • Avis des autorités allemandes appelant à la dénonciation des auteurs de l’assassinat du lieutenant-colonel Hotz, octobre 1941. ADLA.
    Avis des autorités allemandes appelant à la dénonciation des auteurs de l’assassinat du lieutenant-colonel Hotz, octobre 1941. ADLA.
  • Avis des autorités allemandes de condamnation à mort pour espionnage, 29 aout 1941. ADLA.
    Avis des autorités allemandes de condamnation à mort pour espionnage, 29 aout 1941. ADLA.

À lire aux Archives départementales