Les échanges passionnés d'Héloïse et Abélard

Cet échange passionné serait attribué à Héloïse et Abélard, les deux amoureux célèbres du Moyen Âge. Le philosophe Pierre Abélard est né au Pallet, en 1079, il entame en 1113 avec l'intellectuelle Héloïse une liaison annonçant le modèle de l'amour courtois. L’ouvrage « Lettres des deux amants » qui rassemble leur correspondance, traduite du latin et présentée par Sylvain Piron, est conservé dans la bibliothèque historique des Archives départementales et est consultable en salle de lecture.

L'homme

À la plus désirable de tout ce que l'on peut désirer, son ami qui ne fait qu'un avec elle : tout le bien qui est singu­lièrement réservé aux amants.
Tes paroles plus douces que le miel témoignent très clai­rement de ta foi la plus sincère. [ ... ] J'hésite sur ce que je pourrais te dire, car je t'aime tant que je ne peux expri­mer cet amour tel qu'il est. Les choses sont allées jusque­là, ô plus haut repos de ma vie, jusqu'à ce point où je ne puis trouver les mots pour tes mérites infinis. Lorsque tu te portes bien, rien ne peut m'attrister. Lorsque tu es malade, rien ne peut me réjouir. Si tu veux donc pleine­ment veiller sur ton aimé, sois bien portante et je me por­terai bien moi-même. Dieu, à qui l'on ne peut rien cacher, sait que tu es si profondément dans mon cœur que chacune de mes pensées est tournée vers toi.
Porte-toi bien, plus douce non pas de toutes les femmes, mais de toutes choses en général.

La femme

À son plus bel ornement, celle qui est son amie pour sa vertu et non pour sa beauté : la plénitude du plus grand délice.

Comme tu le sais toi-même, trop de temps s'est déjà écoulé durant lequel, hélas, une conversation intime n'a pu nous réunir. Sache pourtant, bien que je ne puisse jouir de ta présence autant que je le voudrais, que je ne cesse, puisque rien ne l'empêche, de te voir de mes regards intérieurs et de désirer ta santé et ta prospérité.

Porte-toi bien, mon bien-aimé, et aime-moi de l'amour que j'ai pour toi.