Les hôpitaux

Plan de l’hospice de Pornic, 1839. Archives déposées des hôpitaux, ADLA
Plan de l’hospice de Pornic, 1839. Archives déposées des hôpitaux, ADLA

L’Hôpital, à l’origine lieu d’hébergement charitable du pauvre, devient un espace d’enfermement sous l’Ancien Régime. Ce n’est qu’au 19e siècle que sa mission médicale se renforce avant de devenir au 20e siècle le service public hospitalier que nous connaissons.

Les hôpitaux au Moyen Âge

Au Moyen Âge, dans la tradition de la charité chrétienne de secours aux pauvres, les hôpitaux se développent et prennent de multiples appellations (maladreries, aumôneries, léproseries). Le personnel y est uniquement religieux et s'organise à partir du 12e siècle en ordres hospitaliers. Les médecins et chirurgiens n’y ont qu’un rôle marginal. Le pays nantais compte ainsi 17 léproseries et maladreries de fondation ducale ou commune. Des aumôneries, dont certaines sont attestées dès le 13e siècle, existent à Ancenis, Bourgneuf, Clisson, Le Loroux-Bottereau, Nantes, Nozay, Oudon, Pontchâteau, Savenay.

La création des hôpitaux généraux au 17e siècle

Aux termes d'un édit de Louis XIV du 14 janvier 1662, chaque ville se doit de créer un établissement destiné à recevoir les mendiants et les invalides, leurs enfants et les orphelins. Telle est l'origine des 12 hôpitaux généraux fondés dans le comté nantais avant 1790 : Ancenis, Bourgneuf, Châteaubriant, Clisson, Le Croisic, Guérande, Nantes, Paimboeuf, Savenay sous Louis XIV, Pornic et Le Loroux-Bottereau sous Louis XV, Machecoul sous Louis XVI. Ces hôpitaux sont la plupart du temps issus de structures existantes mais, reconnus par lettres patentes, ils sont investis d'une mission précise et nouvelle. Les laïcs sont encouragés à prendre en charge la gestion et l'administration des hôpitaux mais le fonctionnement est assuré par des communautés de religieuses. Dans les faits, les hôpitaux généraux deviennent vite synonymes de lieux d’enfermement des pauvres, des marginaux et des « fous » et seront dénoncés comme tels pendant la Révolution.

Vers l’hôpital moderne

Tout au long du 19e siècle, l'organisation interne des hôpitaux et hospices fait l'objet de nombreuses réglementations. Peu à peu, la spécialisation de certains établissements va entraîner le transfert de pensionnaires, notamment en application de la loi du 30 juin 1838 qui établit des établissements réservés aux aliénés. Avec les progrès effectués dans le domaine de l'hygiène et de la médecine, les malades payants font leur apparition : on soigne et on opère de plus en plus dans les hôpitaux. L'État légifère et, par l'intermédiaire des sous-préfets et des préfets, exerce un rôle de contrôle. Parmi les principales lois, citons celles du 15 juillet 1893 sur l'assistance médicale gratuite, du 27 juin 1904 sur les enfants assistés, du 14 juillet 1905 sur les vieillards, infirmes et incurables et du 5 avril 1928 sur les assurances sociales. La loi du 21 décembre 1941 et son décret d'application du 17 avril 1943 font de l'activité de soins la principale mission de l'hôpital en tant qu'établissement sanitaire et social et lui donnent un cadre juridique qui sera modifié par des réformes successives en 1958, 1970 et 1991.

  • Vue aérienne de l’hôpital de Savenay à la fin des années 1950. Fonds Lapie, ADLA
  • Plan de l’hospice de Pornic, 1839. Archives déposées des hôpitaux, ADLA
  • Projet de maternité pour la ville de Châteaubriant. Plan de la façade Nord par Guillotel, 1928. Archives déposées des hôpitaux, ADLA

À Nantes

L'Hôtel-Dieu

À Nantes, l'Hôtel-Dieu est implanté dans la prairie de la Madeleine dès 1606, puis une nouvelle construction commence plus au sud sur une île de la Loire (devenue Île Gloriette) et ouvre ses portes en 1655. L’Hôtel-Dieu est restauré en 1793 et augmenté d'un second établissement, situé plus en amont en 1863. Mais le bombardement aérien du 16 septembre 1943 détruit pratiquement tous les bâtiments et fait de nombreuses victimes. Les services sont alors rapatriés dans l'hospice général Saint-Jacques jusqu'en 1967, date à laquelle ils s'installent dans de nouveaux bâtiments jouxtant les facultés de médecine et de pharmacie nouvellement construites.

L’hôtel-Dieu à Nantes, début 20e s. Fonds des cartes postales, ADLA
L’hôtel-Dieu à Nantes, début 20e s. Fonds des cartes postales, ADLA

Le sanitat et l’hôpital Saint-Jacques

La propriété de l'Asnerie à l'ouest de Nantes est acquise en 1569 pour faire face aux épidémies accueillir les pestiférés. Agrandi, l'établissement est par la suite transformé au 17e siècle en hôpital général pour les pauvres et les mendiants. Il prend le nom d'Hôpital de la Réunion et est plongé dans un profond dénuement sous la Révolution. Malgré les travaux réalisés, l'hôpital demeure trop étroit et inadapté. En 1831, l'administration acquiert pour le remplacer le couvent de Saint-Jacques situé au sud de la Loire. Celui-ci est alors étendu et aménagé pour accueillir les pensionnaires tandis que les terrains de l'ancien Sanitat sont vendus.

Nantes. L'hôpital Saint-Jacques et le vieux pont de Pirmil, vers 1850. ADLA
Nantes. L'hôpital Saint-Jacques et le vieux pont de Pirmil, vers 1850. ADLA

À lire aux Archives départementales

  • Léon Maître, L’assistance publique dans la Loire-Inférieure avant 1789. Étude sur les léproseries, aumôneries, hôpitaux généraux et bureaux de charité, Nantes, 1879. (ADLA In-8° 665)
  • Léon Maître, Histoire administrative des anciens hôpitaux de Nantes, Nantes, 1875. (ADLA 147 J In-8° 826)
  • Société d’Histoire des hôpitaux de l’Ouest, Patrimoine hospitalier de Loire-Atlantique, Rezé, 1995. (ADLA Br. In-8° 2230)
  • Pierre Boquien, « Histoire de l’hôpital d’Ancenis », dans Histoire et patrimoine au pays d’Ancenis, n° 15, 2000, p. 29-43. (ADLA PER 371)
  • Émile Boutin, « Maladreries, aumôneries et maisons-Dieu en pays de Retz », dans Bulletin de la Société d’études et de recherches historiques du pays de Retz, n°17, 1997, p. 49-57. (ADLA PER 328)
  • Véronique Mathot, et alii, L’hôpital général de Paimbœuf, Paimbœuf, 1997. (ADLA In-8° 5535)