Première approche de l'histoire d'une commune depuis 1800

Sainte-Pazanne © ADLA
Sainte-Pazanne © ADLA
Histoire communale

La Révolution de 1789 crée une nouvelle entité qui se substitue à la paroisse : la commune. De toutes les institutions, c'est celle qui fédère les habitants autour du clocher et de la mairie. Les archives fourmillent d'informations sur ce qui a fait la grande et petite histoire de ce monument du paysage administratif français, à la fois référence en termes de proximité et de cadre de vie.

Avant tout se documenter sur les études existantes

Il est nécessaire de consulter des ouvrages de méthodologie et des monographies sur l’histoire des communes avant de débuter une recherche approfondie. On consultera avec profit le catalogue informatisé de la bibliothèque des Archives départementales consultable en ligne.

La presse et les revues locales (séries PR et PER) constituent une ressource de premier plan, malgré leur inégalité et la prudence qu’il convient d’avoir quelquefois devant leurs assertions.

Enfin, les notes d’érudits sur les communes sont une bonne entrée en matière pour consulter les fonds d’archives proprement dits (voir notamment les fonds Stany-Gauthier, 30J et Michel de La Torre, 182 J).

Liste des communes de Loire-Atlantique

Ensuite approfondir la recherche avec les archives

Après avoir compilé et organisé les informations trouvées dans les études existantes, il sera nécessaire de délimiter son champ d’investigation au regard des lacunes constatées ou en fonction de priorités que l’on se sera fixées.

L’approche devra être chronologique mais en même temps thématique, tant les domaines d’activités des communes sont variés : il est en effet difficile d’embrasser toute l’histoire de la commune d’un seul coup d’oeil.

Où trouver les archives ?

Fonds communaux

Les archives communales sont conservées :

  • soit en mairie.

Certaines sont peut-être alors dotées d’un instrument de recherche élaboré par un archiviste communal itinérant du centre de gestion de la fonction publique territoriale (voir Liens d’archives n°13). Dans ce cas, l’inventaire est consultable en mairie mais aussi en salle de lecture des Archives départementales.

  • soit aux Archives départementales (sous-série E dépôt).

Les archives communales déposées sont inégales tant sur le plan de l’importance matérielle des fonds, que des périodes représentées ou des domaines couverts : délibérations du conseil municipal, documents cadastraux, registres d’état civil, listes électorales et recensements militaires. Il en existe des inventaires plus ou moins détaillés. Quel que soit leur lieu de conservation, certaines délibérations municipales peuvent être consultées en ligne.


Fonds départementaux

À partir de la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) le préfet incarne la tutelle de l’État sur l’administration communale. Le principe de tutelle administrative évoluera au cours du XIXe siècle et surtout avec les lois de décentralisation de 1982 et 1983.

Les archives préfectorales issues de ce contrôle sont conservées jusqu’en 1940 aux Archives départementales dans la série O (administration et comptabilité communales), et ensuite dans la série W. La série O, à l’exception des dossiers de voirie communale, est dotée d’un inventaire imprimé, tandis que la série W est accessible via une base de données consultable en ligne. Ne pas oublier que les fonds des sous-préfectures sont naturellement complémentaires du fonds de préfecture (série Z, inventaire imprimé).

On trouvera par ailleurs des renseignements sur l’histoire communale dans les autres séries d’archives publiques, dont plusieurs catégories sont accessibles directement en ligne (plans cadastraux, recensements de la population, état civil, iconographie…).

Quelques approches thématiques possibles

Le territoire

La consultation des archives cadastrales (sous-série 3 P et W) et notamment la confrontation des plans du cadastre napoléonien et rénové permet d’observer, à un siècle de distance, la transformation de la physionomie des communes (densification du bâti et du réseau routier, rurbanisation, concentration ou division de parcelles,…).

Les cartes et plans de la sous-série 1 Fi (notamment l’atlas de Tollenare, 1 Fi Loire-Atlantique 13, numérisé) et les plans d’alignement de la voirie vicinale (sous-série 3 O) apportent des compléments très utiles tandis que les cartes postales (2 Fi) et photographies (3 Fi) anciennes se révèlent souvent précieuses lorsqu’elles sont comparées à des vues actuelles.

La population

Les dénombrements avec les états récapitulatifs et listes nominatives par commune en sous série 6 M (listes numérisées) puis les recensements en série W offrent une source importante pour l’étude sociologique des communes.

En effet, les catégories socioprofessionnelles et l’organisation des foyers y apparaissent clairement et l’étude peut facilement se découper d’une manière topographique (classement par rue dans les listes nominatives).

L’état civil (numérisé) avec les actes de naissance, mariage et décès est incontournable pour l’étude de la population communale et notamment le brassage entre les familles et les territoires. Les cartes postales (2 Fi) et photographies (3 Fi) permettent, quant à elles, de saisir la réalité sociale d’une époque (scènes animées prises dans la rue notamment).

Les mentalités

La lecture des registres de délibérations des conseils municipaux (archives numérisées ou archives communales), où sont retranscrits des débats souvent riches d’enseignement, éclaire sur les enjeux et la mise en oeuvre des projets des élus locaux et donc sur les mentalités locales.

Les archives des élections (3 M puis W) sont, à ce titre, le reflet de l’évolution politique tandis que les bulletins paroissiaux et municipaux (PER), chroniques de la vie locale, offrent un point de vue incomparable. L’objectivité n’y est pas toujours de mise mais la partialité constitue un bon indicateur d’une certaine façon de penser. La vie religieuse apparaîtra aussi par le biais du contrôle du respect des lois et des règlements, les finances et la police du culte.

On consultera notamment les fonds des conseils des fabriques et les inventaires des biens d’églises dressés en 1906 en application de la loi de séparation des églises et de l’État (série V). Les enquêtes, rapports et statistiques (4 et 6 M) ne devront pas être négligés. Quel que soit l’angle d’approche de l’histoire communale, et il y en existe d’autres que ceux évoqués rapidement (l’économie, l’instruction publique et les arts, les finances…), les archives montrent à quel point la commune est le miroir, à l’échelle locale, des grands enjeux de société nationaux.

Bibliographie indicative

  • Croix (Alain), Guivarc’h (Didier), Guide de l’histoire locale, Paris, 1990.
    Pour les conseils méthodologiques.
  • Orieux (Eugène), Vincent (Justin). Histoire et Géographie de la Loire-Inférieure, Nantes, 1895.
    Un peu ancien mais utile.
  • Le Patrimoine des Communes de la Loire-Atlantique, Flohic, 1999.
    Les notices communales offrent des synthèses historiques pratiques.
  • Annales de Nantes et du Pays nantais.
    Revue de vulgarisation présentant par cantons des articles sur les communes du département.
  • Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique.
    Revue scientifique constituant une base de données indispensable pour l’histoire du département.